Réinvestissons en nutrition pour les tout-petits
Le 22 novembre, dans Le Devoir, paraissait notre lettre ouverte, signée par Élise Boyer, directrice générale de la Fondation Olo. Au regard de l'actualité récente concernant l'alimentation dans le développement des tout-petits, elle nous rappelle l'importance d'agir tôt durant les 1000 premiers jours de vie.
En pleine Grande semaine des tout-petits, où on rappelle qu’ils sont notre priorité au Québec, une histoire insensée de malnutrition d’un bambin vient cruellement nous rappeler à quel point une alimentation suffisante et de qualité est cruciale pour assurer la santé et le développement des enfants. À ce cas se superpose un enjeu préoccupant mis en lumière par la journaliste Magdaline Boutros dans Le Devoir («Des enfants en attente de soins»): des tout-petits qui présentent des problèmes nutritionnels criants n’ont pas accès à des services dans un délai acceptable et voient leur développement compromis à jamais. Il est inconcevable de placer sur des listes d’attente des tout-petits et des femmes enceintes dans le besoin, alors que la clé de la prévention, c’est d’agir tôt, et ce, dès la grossesse! Or, la solution réside dans une méthode simple et efficace, l’approche Olo. Mais encore faut-il qu’elle soit accessible à toutes celles qui en bénéficieraient, et force est d’admettre que ce n’est pas le cas, en particulier dans la grande région de Montréal. En plus des besoins qui se font criants, les coupes budgétaires des dernières années dans le réseau de la santé et des services sociaux ont contribué à ce manque de ressources consacrées aux femmes enceintes et à leurs bébés. Pourtant, l’efficacité et même la rentabilité de l’approche Olo ont été démontrées dans une étude menée en 2016 par des chercheurs de l’UQAM. L’étude expose même que l’intervention nutritionnelle Olo a contribué à réduire la proportion de naissances de faible poids. Il existe également un consensus scientifique sur la période des 1000 premiers jours de vie — soit du début de la grossesse à l’âge de deux ans — comme moment privilégié pour des actions de prévention, spécialement en matière d’alimentation. Les besoins nutritionnels de l’enfant sont colossaux autant avant qu’après sa naissance. On peut éviter quantité de problèmes chez des tout-petits, comme l’anémie, en les prévenant d’abord chez leur mère durant la grossesse. Justement, le suivi Olo est offert aux femmes enceintes qui vivent sous le seuil de faible revenu afin de prévenir les naissances de petit poids et d’offrir une chance égale aux bébés de naître en santé et d’apprendre à manger sainement. La future mère reçoit, à l’intérieur d’un suivi personnalisé avec une nutritionniste, des multivitamines prénatales et des coupons échangeables pour des aliments. Durant sa grossesse et après la naissance de l’enfant, la Fondation Olo fournit aussi des outils éducatifs et des conseils à l’intention des intervenantes et des familles, pour les encourager à bien manger, à cuisiner et à manger en famille. Chaque année en moyenne, ce sont 15 000 familles qui bénéficient du suivi Olo. Si on perçoit chez nos élus une réceptivité à ce type d’approche, il reste que l’accessibilité aux méthodes préventives et la disponibilité des ressources sont encore insuffisantes. Dans notre mouvement vers l’agir tôt et l’égalité des chances, réinvestissons en nutrition et faisons-le dès la grossesse !