La Fondation Olo est impatiente de voir des gestes cohérents et convaincants pour la santé des bébés et le développement de leur plein potentiel
Suivant le dépôt du budget du gouvernement du Québec, la Fondation Olo est à la fois pressée d’en apprendre plus sur le détail des investissements et pessimiste pour la suite. Aucune mesure fait explicitement référence au suivi Olo, mais plusieurs initiatives poursuivent des objectifs auxquels le suivi Olo apporte déjà sa contribution et pourrait la décupler.
Le budget envoie des signes contradictoires avec d’une part des objectifs nobles et d’autre part des moyens qui ne sont pas conséquents avec l’importance de ces objectifs. De plus, il nous revient de redoubler d’efforts pour tenter d’obtenir des sommes à même des enveloppes éparses et insuffisantes.
L’absence de financement additionnel ne pourrait que nuire à la pérennité du suivi Olo et de la mission de la Fondation Olo, qui veille à donner une chance égale aux familles de mettre au monde des bébés en santé et d’acquérir de saines habitudes alimentaires tôt dans la vie. Cette mission se déploie dans la période clé et cruciale pour le développement des tout-petits : les 1000 premiers jours de vie, de la grossesse aux deux ans de l’enfant. Ironiquement, cette mission contribue depuis 30 ans à une priorité énoncée dès les premières pages : le développement du potentiel des jeunes.
Dans ses demandes, la Fondation Olo a défendu à la fois la nécessité d’augmenter le financement pour le suivi Olo dans les CISSS et les CIUSSS et l’urgence d’un coup de pouce financier pour la Fondation Olo. Or, rien n’indique clairement que le ministère de la Santé et des Services sociaux aura les moyens de poursuivre le réinvestissement dans son propre réseau, malgré des mesures « qui aideront les parents à faire face aux difficultés en contexte de périnatalité, dans l’objectif de prendre soin de leur santé mentale » (25M$) ainsi que la deuxième phase des travaux donnant suite à la Commission Laurent (30M$). La Fondation Olo aimerait croire que la réponse attendue se trouve dans l’une de ces lignes, mais en comprenant que le rehaussement nécessaire pour le suivi Olo dans les CISSS et CIUSSS se chiffrerait à 38M$ sur 5 ans, il est manifeste que les montants annoncés seront insuffisants. L’hypothèse d’abord attrayante tend à devenir irréaliste.
À cette étape, nous sommes aussi peu enclins à penser que des lignes renferment des annonces pour la Fondation Olo, et ce, malgré des objectifs tels que « soutenir les enfants vulnérables », « bonifier l’appui aux organismes communautaires » ou « aider divers organismes d’aide alimentaire dans l’achat de denrées ». Encore une fois, l’ampleur des enveloppes refroidit. La seule certitude est qu’un financement est reconduit pour certaines mesures du Plan d'action gouvernemental pour l'inclusion économique et la participation sociale (PAGIEPS), dont la mesure 13.3 qui concerne la Fondation Olo, et ce, pour une année, mais sans indexation ou bonification.
La pandémie et l’inflation qui s’en est suivie ont eu d’immenses conséquences sur les familles vulnérables qui se trouvaient de plus en plus confrontées au dilemme de nourrir l’enfant à table ou celui à naître. Inévitablement, la pression financière sur notre organisation s’est décuplée. Nous comprenons que le prix des aliments ne reviendra jamais à celui qu’il était et que des années difficiles nous attendent. Bien que des citoyens et d’autres acteurs du secteur privé choisissent d’appuyer la Fondation Olo en faisant des dons, il demeure que nous avons besoin d’un coup de pouce du gouvernement du Québec.
Un financement qui stagne, dans un contexte de forte inflation, réduit notre capacité d’agir. Par exemple, 100$ permettaient d’acheter, en février 2018, 16 coupons de lait échangeables par les familles et plus que 12 coupons en février 2023. En s’attardant aux coupons d’œufs, on passe de 34 coupons en février 2018 à 25 coupons en février 2023. Ainsi, notre capacité d’achat d’aliments en 2023 ne représente plus que le ¾ de ce qu’elle était en 2018. En parallèle, le financement octroyé aux CISSS et aux CIUSSS pour défrayer les salaires des intervenantes Olo ne représente actuellement qu’à peine le tiers de ce qui serait nécessaire. Quand il n’y a pas assez d’intervenantes ou que le financement des aliments est insuffisant, mais que la demande est forte, des arbitrages crève-cœur doivent être faits. On voit alors apparaître des critères qui sont choquants quand on pense aux conséquences sur l’enfant, par exemple retarder le début du suivi Olo de 12 à 20 semaines, ne pas l’offrir pour une 2e grossesse ou encore exiger un critère additionnel (ex. l’absence d’un diplôme) en plus du faible revenu. Rappelons qu’une projection conservatrice estime que 11 500 nouvelles femmes seraient admissibles au suivi Olo chaque année et que c’est à autant de bébés que l’on veut offrir des chances égales, tôt dans la vie.
Le gouvernement a raison de dire que le contexte familial est l’élément le plus déterminant de la réussite et de la persévérance scolaires d’un enfant, mais il faudrait rectifier que cette influence s’exerce non pas à partir de la maternelle, mais dès la grossesse. Et il faudra que les investissements suivent.
Suivi Olo et Fondation Olo : vers un réinvestissement pour les futurs bébés et les familles
Pour en savoir plus sur nos recommandations de financement, consultez notre mémoire déposé et présenté dans le cadre des consultations prébudgétaires 2023-2024 du Ministère des Finances.
Le Collectif petite enfance, dont la Fondation Olo fait partie, a lui aussi déposé un mémoire composé de recommandations. L'une d'entre elles : « Faire des conditions de vie adéquates pour les enfants de 0-5 ans et leur famille une priorité du prochain plan d'action gouvernemental pour l'inclusion économique et la participation sociale » est intimement liée à notre mémoire qui propose en soi une solution concrète à cette recommandation.