Direction de la protection de la jeunesse : des constats inquiétants pour nos tout-petits

Dans les dernières semaines, un dossier spécial dans La Presse nous apprenait qu’un enfant Québécois sur 10 est pris en charge par la DPJ. L’Observatoire des tout-petits sortait quant à lui un rapport concernant les enfants ayant besoin de soutien particulier en rappelant qu’ « au Québec, tous les enfants n’ont pas accès aux services et au soutien dont ils ont besoin au moment opportun ».

Devant tant de cris d’alarme, une évidence s’installe : le statu quo actuel fragilise notre capacité collective d’offrir aux tout-petits l’opportunité de développer leur plein potentiel. 

Comment pouvons-nous collectivement resserrer les mailles du filet social qui sont plus distendues que jamais?

 

« Il y a une tempête au Québec »

C’est ce qu’André Lebon, membre de notre conseil d’administration, a déclaré au micro de Luc Ferrandez lorsqu’il a été questionné par rapport aux statistiques concernant la DPJ. Selon l’ancien vice-président de la Commission Laurent sur les droits des enfants et la protection de la jeunesse, au cœur de cette tempête se retrouve l’enjeu de l’accessibilité aux services.

« La DPJ n’est pas le problème, c’est le baromètre […] les services qui devraient soutenir ces enfants et ces familles ne sont pas disponible, ils ne sont pas accessibles. On ne fait pas le travail d’accompagnement et d’aide, ce qui fait que les situations se détériorent et se retrouvent toutes canalisées en protection de la jeunesse ».

Tonino Esposito, l’auteur principal de l’étude citée dans le dossier spécial de La Presse, soulève lui-aussi le problème.

« Les services existent. Mais il faut avoir une réflexion sur l’accessibilité. On ne fait pas que diriger la famille vers des services, il faut s’assurer que la famille les reçoive ».

André Lebon explique également que la situation continue de s’aggraver depuis la sortie du Rapport Laurent. Les liste d’attentes s’allongent et les réponses tardent à arriver. Il cite notamment le suivi Olo, tout comme les programmes SIPPE ou Agir tôt comme des solutions pour enrayer une surreprésentation des enfants pris en charge par la DPJ.

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Mieux vaut prévenir que guérir

Ces programmes qu’André Lebon nomme ont tous un point en commun : la conviction que plus on intervient tôt, plus on solidifie les bases d’un avenir prometteur. C’est en agissant en prévention pour diminuer des facteurs de risque et en favorisant les liens de confiance que nous construirons ce cercle de bienveillance que l’on veut pour nos enfants.

Le rapport de la Commission Laurent sur le droit des enfants et la protection de la jeunesse met également la prévention de l’avant. Cette commission spéciale, qui avait pour mandat d'examiner les dispositifs de protection de la jeunesse dans différents réseaux d'intervention du Québec, arrive à la conclusion qu’il est primordial de miser sur des ressources qui renforcent les capacités des parents pour assurer le bien-être des enfants.

« Agir le plus tôt possible dans la vie des enfants, et même avant la naissance, est à la base d’une trajectoire de services idéales visant à assurer le développement harmonieux des enfants et l’adaptation des parents à leur rôle ». – Extrait du rapport de la Commission Laurent

Pour la Fondation Olo, la clé d’un bon départ est ancrée dans les 1 000 premiers jours. Son suivi vise à agir pendant cette période cruciale du développement du cerveau de l’enfant afin de lui donner toutes les chances de venir au monde et de se développer en santé. En travaillant activement contre les barrières à la saine alimentation, de la grossesse jusqu’aux deux ans de l’enfant, la Fondation Olo lutte également contre les inégalités alimentaires. L’accompagnement par une intervenante de confiance, l’écoute, le renforcement des capacités et l’accompagnement vers les services peuvent changer des trajectoires de vie.

Une solution durable passe également par des arrimages forts entre le réseau de la santé et des services sociaux ainsi que les organismes de la communauté, dans le but d’assurer le développement harmonieux des enfants et l’adaptation des parents à leur rôle.

Des besoins de plus en plus criants

Toujours selon André Lebon, nous subissons présentement les répercussions de choix qui fragilisent grandement notre système. Dans un contexte où les ressources qui visent à prévenir et aborder les vulnérabilités sont systématiquement sous-financées, les services sociaux écopent. Lors de son entrevue au 98.5, André Lebon nomme d’ailleurs le suivi Olo comme une de ces ressources.

« Il y a des programmes comme Olo, qui agissent en prévention dès la grossesse. [Ce programme] fait face à des demandes plus grandes que jamais, mais les coûts des aliments explosent sans que leur budget pour faire le travail n’explose lui aussi »

La Fondation Olo abonde dans le même sens. Bien qu’elle vienne en aide à 7 000 nouvelles femmes et leur famille annuellement, la Fondation estime qu’il y aurait plus de 5 000 autres encore admissibles à son suivi. Dans un contexte d’inflation toutefois, répondre à la recrudescence des demandes représente déjà un défi sans rehaussement de financement. C’est pour cela que depuis plusieurs années,   sont déposés auprès de multiples acteurs pour insister sur l’importance d’un rehaussement du financement.

Des rapprochements dangereux ont déjà été faits entre la DPJ et la Fondation Olo, identifiant cette dernière comme une porte d’entrée vers les services de protections de la Jeunesse. Avec un financement adéquat, la Fondation Olo a tous les critères pour être plutôt une porte de sortie pour les familles prises au centre du cercle des inégalités comme en témoigne la lettre ouverte signée plus tôt dans le mois par notre directrice générale Élise Boyer.