C’est à 17 ans que Deitane Bissonnette entend pour la première fois parler de la Fondation Olo et de l’accompagnement qu’elle offre aux femmes enceintes dans le besoin. Ce suivi lui permettra de donner naissance à deux de ses trois enfants : Samuel, un garçon en santé âgé aujourd’hui de 21 ans, et Léa-Rose, 7 ans, mais surtout de réaliser son rêve, devenir elle-même intervenante auprès des familles.
Lorsqu’elle raconte son histoire aujourd’hui, Deitane évoque avec humour sa jeunesse, le rêve du prince charmant, le conte de fées qui s’arrête bien vite et une réalité qui s’impose alors à elle. En 1997, elle tombe enceinte de son premier enfant. Grâce à son CLSC, elle entend parler pour la première fois du suivi Olo et des mesures qui vont pouvoir l’accompagner durant sa grossesse.
Elle nous parle alors du bonheur de tenir dans ses bras son premier enfant et de ce que cela a créé en elle : une force, une détermination qu’elle ne va jamais perdre et qui va lui permettre de déplacer des montagnes pour elle-même, pour sa famille et pour créer la vie dont elle rêve.
Le suivi Olo, une sécurité et un tremplin
Pour Deitane, le suivi Olo va bien au-delà des coupons alimentaires remis durant la grossesse pour aider le bébé à bien se développer. L’action de la Fondation est importante : « Quand on est enceinte et qu’on n’a pas de grands moyens, on se sent impuissante ». Tout en voulant le meilleur pour son bébé, on peut se retrouver bloqué, dans une situation financière difficile. Olo agit alors comme « une lumière au bout du tunnel », une « sécurité » permettant « d’avoir un certain contrôle, d’avoir accès à certains aliments pour une bonne alimentation ».
Mais sa relation avec Olo ne s’arrêtera pas là! Deitane continue sa vie et donne naissance à William, son deuxième enfant, pour lequel elle n’a pas eu accès au suivi Olo. C’est alors au début de la trentaine, lorsqu’elle tombe enceinte de son troisième enfant, sa petite Léa-Rose, qu’Olo réapparaît dans sa vie.
Alors serveuse, le restaurant pour lequel elle travaille fait faillite. Deitane se retrouve sans emploi durant sa 20ème semaine de grossesse avec la difficulté de trouver un nouvel employeur. Elle se rapproche de son CLSC qui lui confirme la possibilité d’un second suivi Olo qui va l’accompagner au-delà de ses attentes!
Reprendre confiance et y aller un pas à la fois
Elle fait alors la rencontre de Julie Caron, intervenante Olo. Quand je lui demande comment s’est passée sa relation avec son intervenante, le premier mot qui lui vient à l’esprit est « confiance ».
Julie, a été, pour elle, d’un soutien sans faille. « Avec Julie, s’il y avait quelque chose, elle m’en parlait et je sentais qu’il n’y avait pas de jugement. C’était vraiment dans le but de l’intervention. J’étais vraiment en confiance. » nous confie-t-elle à propos de son infirmière avec qui elle partage encore aujourd’hui son avancée professionnelle et universitaire.
Sa relation avec son infirmière Olo reste un point important et primordial dans la construction de sa vie et dans la direction qu’elle a décidé de prendre. « Julie a toujours montré qu’elle avait confiance en moi, elle m’a même poussée à m’impliquer (…) pour sortir les femmes de l’isolement, les faire socialiser » nous confie-t-elle. Son implication se traduit au sein d’une association locale mais sa vie prend une toute autre trajectoire lorsque Deitane confie à Julie son désir de devenir infirmière et de reprendre des études.
Car au-delà de de la distribution de coupons et du soutien à la grossesse qu’offrent les intervenantes dans le cadre du suivi Olo, Deitane a reçu un appui pour parler de ses rêves et de ses objectifs.
De Maman Olo à infirmière
Lorsqu’elle donne naissance à Samuel, en 1997, Deitane comprend ce qu’elle souhaite faire dans la vie : elle veut devenir obstétricienne.
Des beaux rêves impossibles pour certains mais un réel projet de vie pour elle. Dès cet instant, Deitane décide de passer par-dessus les commentaires souvent décourageants et une réalité souvent dure à dépasser. Elle ne le cache à personne : « à 18 ans avec un bébé, on ne se voit pas à l’université et on croit que ce sont des choses impossibles » nous confie-t-elle.
Tout s’enchaîne quelques années plus tard : la naissance de sa petite Léa-Rose, son diplôme de secondaire, son retour au collégial « en allaitant trois fois par jour », les cours de pédiatrie à l’université et ses « yeux illuminés », jusqu’à l’obtention de son baccalauréat en mai dernier pour devenir infirmière.
Au-delà du suivi Olo : avoir le pouvoir de changer les choses
Ce qui est beau dans l’histoire de Deitane, c’est de sentir la détermination qu’elle a eu et qu’elle a toujours. Elle le dit elle-même, ce n’est pas facile mais « il ne faut pas lâcher et il ne faut pas laisser les gens nous faire croire que l’on ne peut pas y arriver parce qu’on est jeune maman ou peu importe. On peut tout faire ».
Le suivi Olo et son intervenante lui ont donné le coup de pouce dont elle avait besoin pour rebondir. En se reprenant en mains, cela a été bénéfique pour elle mais surtout pour toute sa famille. Déterminée et confiante, Deitane veut aujourd’hui passer un message à toutes les mamans et à toutes les jeunes filles qu’elle croise : tout est possible malgré les barrières et le fait de grandir dans un schéma qui se perpétue de génération en génération et dans lequel on a vu « sa mère comme ça, sa matante comme ça, puis que c’est comme ça que ça se passe ». Il faut de la volonté, du courage pour briser ce schéma mais tout est possible. « Je veux les aider ces jeunes-demoiselles à connecter avec leur bébé puis à connecter avec elles-mêmes, puis leur donner le goût de ne pas rester dans cette situation-là ».
Heureuse en famille comme dans sa vie professionnelle, Deitane poursuit aujourd’hui son objectif qui s’est précisé à travers les années : elle veut devenir infirmière Olo pour transmettre tout ce qui l’a animée et montrer à toutes les jeunes filles qu’elle croise que nous avons tous le pouvoir de changer les choses.
Propos recueillis par Patrick Lopez