Alimentation

Entrevue avec Mélanie Alasie Napartuk, nutritionniste Inuk (2e partie)

À l’occasion du Mois national de l’histoire autochtone, la Fondation Olo s’est entretenue avec Mélanie Alasie Napartuk, une nutritionniste Inuk qui nous a parlé un peu plus de la vision autochtone de l’alimentation. Retour sur cette belle rencontre remplie d’authenticité. Pour lire la première partie de l’entrevue. 

L’alimentation traditionnelle, une question de santé plus profonde

Lorsqu’il est question de santé chez les autochtones, on fait souvent référence à la roue de la médecine, une approche holistique plus globale. La vision autochtone de l’alimentation est ancrée dans cette vision de la santé. Toutefois, tel qu’expliqué par Mélanie dans la première partie de l’entrevue, s’alimenter sainement et avoir accès à la nourriture traditionnelle comporte son lot de défi pour les autochtones.

D’un point de vue scientifique, l’alimentation traditionnelle répond à plusieurs besoins et est beaucoup plus saine et nutritive qu’une alimentation composée en grande partie d’aliments transformés. Des connaissances ancestrales sont passées de génération en génération et on se rend compte aujourd’hui qu’elles s’alignent avec la science plus moderne.

« Par exemple, les aînés disent qu’il faut boire de la tisane de racines de bleuet pour le diabète. Aujourd’hui, la science confirme que le bleuet fait en effet baisser la glycémie ».

 Au-delà de la santé physique, la santé spirituelle peut également dépendre de la notion de l’alimentation autochtone, car celle-ci est entourée de rituels et de croyances. Évidemment, la santé émotionnelle est également impactée par l’alimentation traditionnelle, puisque, comme expliqué dans la première partie de l’article, cette alimentation regroupe les moments de partage et les liens familiaux. Quant à la santé mentale, elle peut être ébranlée à cause de l’insécurité alimentaire vécue dans beaucoup de communautés autochtones par le manque d’accès à des aliments.

« Ça fait partie de la santé psychologique de ne pas avoir à se préoccuper de si on va pouvoir manger demain, d’avoir des aliments qu’on aime en quantité suffisante ».

L’insécurité alimentaire en communauté

« L’insécurité alimentaire, ce n’est pas seulement de ne pas avoir de nourriture dans le garde-manger, c’est aussi la préoccupation des mamans à pouvoir mettre de la nourriture sur la table pour les enfants, parfois elles sont seulement en mesure d’offrir des aliments ultra-transformés (qui sont moins chers), sinon les quantités seraient insuffisantes pour les nourrir ».

Les causes de l’insécurité alimentaire chez les autochtones sont systémiques et nécessitent une approche différente. Les traumas générationnels face aux institutions, l’accès à l’éducation, les possibilités d’emplois, l’éloignement, toutes ces raisons et bien d’autres sont au cœur de l’insécurité alimentaire qui pèse sur certaines communautés.

Dans une perspective autochtone, il est important d’également considérer l’insécurité alimentaire culturelle. Celle-ci adresse les difficultés à avoir accès à la nourriture traditionnelle. Pour les autochtones habitant en milieu urbain, il peut être difficile d’avoir les moyens pour le transport sur le territoire et l’achat de fusil, de balles et d’essence pour se procurer de la viande du territoire, pour aller pêcher ou même pour aller cueillir des bleuets. Ces gens se retrouvent donc privés d’une partie importante de leur culture.

Pour toutes ces raisons, Mélanie maintient que n’importe quelle solution pour faire face à ses enjeux se doit d’être respectueuse de la culture et s’attaquer aux causes profondes de la pauvreté et l’insécurité alimentaire sous toutes ses formes.  

« Olo le fait bien : vous ne faites pas juste donner des coupons, il faut aussi éduquer les gens. Il faut adresser la situation de façon systémique, mettre en place des solutions qui vont durer dans le temps ».

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