Alimentation

Entrevue avec Mélanie Alasie Napartuk, nutritionniste Inuk (1ère partie)

À l’occasion du Mois national de l’histoire autochtone, la Fondation Olo s’est entretenue avec Mélanie Alasie Napartuk, une nutritionniste Inuk qui nous a parlé un peu plus de la vision autochtone de l’alimentation. Retour sur cette belle rencontre remplie d’authenticité.

 

Mélanie Napartuk porte plusieurs chapeaux en plus de celui de nutritionniste. Elle est également éducatrice en santé publique, comédienne, animatrice et conférencière. Elle-même autochtone, elle a une connaissance profonde des enjeux et des traditions entourant l’alimentation.

La place de l’alimentation au sein de la culture autochtone

« Pour moi l’alimentation, la nourriture c’est LE centre de mon univers, le centre de la culture. Tout passe par la nourriture ».

Si, pour le monde occidental, l’alimentation se résume à « manger » et « cuisiner », ces 2 notions ne sont que la pointe de l’iceberg pour les communautés autochtones. Pour parler de l’alimentation des communautés, il faut prendre en considération toute une culture qui va au-delà de la préparation et la consommation des repas. Bien qu’il y ait 11 nations avec leurs propres visions, valeurs et langues, tous ont un univers alimentaire vaste qui requiert apprentissages et traditions.

« Quand on parle d’alimentation, on parle de construire des outils, comment on fait des enseignements sur l’alimentation à nos enfants, comment on préserve la nourriture, comment on utilise toutes les parties d’un animal, comment on trouve les fruits dans la forêt, comment on préserve le territoire tout en prélevant les ressources dont on a besoin, mais aussi les histoires de nos grands-parents et arrière-grands-parents qui proviennent du territoire ».

Des valeurs communes unissent les nations autochtones autour de l’alimentation. Le transfert des connaissances pour garder les traditions en vie est très important. Les filles apprennent beaucoup de leurs grand-mères quant à la cuisine et l’utilisation des aliments, alors que les garçons reçoivent des enseignements sur la chasse et la pêche. Une valeur qui est observée à travers les communautés, c’est celle du partage.

« Peu importe dans quelle communauté tu vas, il va y avoir des festins, où toute la communauté se joint, les chasseurs amènent la viande, les kukums (1) font des tartes aux bleuets et là c’est un grand moment de partage autour de la nourriture. Il y a de grosses pêches, par exemple 9 garçons d’une famille se rassemblent pour tout redistribuer à la famille élargie. C’est vraiment au centre, la valeur du partage ».

L’alimentation traditionnelle dans le monde moderne

« On essaie de retourner vers l’alimentation traditionnelle, mais l’alimentation occidentale occupe quand même une place super importante dans nos diètes ».

Mélanie explique que l’alimentation est passée d’une nourriture peu transformée, qui provient du territoire, à une alimentation ultra-transformée avec beaucoup de produits de conservation et de substances pour améliorer le goût. L’ensemble du monde est passé au travers de cette transition, la particularité chez les autochtones est que cette transition s’est rapidement déroulée sur une courte période, plutôt que sur du long terme. Les effets ont donc été décuplés, surtout que les aliments accessibles doivent avoir une longue durée de vie sur les étagères considérant que certaines communautés sont éloignées et de longs moments s’écoulent entre les approvisionnements. Ces produits ont donc des niveaux plus élevés de sel, de sucre et de gras, puisque cela se conserve mieux. Les autochtones sont passés rapidement de l’orignal au Kraft Dinner, dit Mélanie.

Le retour vers une alimentation plus traditionnelle comporte son lot de défi. Le monde moderne complique parfois la chose. Par exemple, le frère de Mélanie qui vit toujours au Nunavik doit planifier ses congés afin de s’assurer d’être sur le terrain de chasse lorsque le troupeau de caribou passe. On pense également à la déforestation, à la construction de barrages et de villes et aux réchauffements climatiques qui changent le visage du territoire, la faune et la flore. Dans son entourage, Mélanie voit une volonté de trouver des solutions afin d’arrimer nourriture traditionnelle et ressources modernes.

« Je parlais à une de mes amies dont le copain fait un tartare d’orignal aux truffes. Quelqu’un d’autre me parlait d’un curry de perdrix avec des épices, ou encore les tacos indiens d’orignal avec la poudre « Old El Paso ». Ma génération, qui goûte à plus d’aliments diversifiés et d’autres cultures, commence à faire de la cuisine fusion ».

La culture n’est pas figée dans le temps, elle évolue. Que ce soit avec l’environnement, avec l’histoire ou avec les événements, elle évolue avec le temps.

Retrouvez-nous pour la deuxième partie de cette entrevue.

1) Grand-mère 

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