Suivi Olo et Fondation Olo : vers un réinvestissement pour les futurs bébés et les familles
Mémoire déposé et présenté dans le cadre des consultations prébudgétaires 2023-2024 du Ministère des Finances
Pour la seconde année consécutive, la Fondation fait le choix de participer aux consultations sur le budget. Depuis janvier 2022 et le dépôt d’un mémoire pour la première fois de son histoire, la Fondation Olo a effectué de nombreuses démarches pour exposer les besoins de financement pour que plus de familles puissent mettre au monde des bébés en santé et acquérir de saines habitudes tôt dans la vie.
Le dépôt de ce premier mémoire a été suivi de la création d’une plateforme électorale et d’une tournée de représentations auprès de plusieurs partis politiques dans le cadre de la campagne électorale. En marge de ces actions, les discussions ont continué avec différents ministères pour affiner nos recommandations et arriver à un portrait ambitieux tout en étant le plus réaliste possible.
Le message porté est dans la continuité de ceux évoqués l’année passée : en rehaussant le financement pour « Olo », on peut décupler notre capacité collective à réduire les inégalités sociales de santé tôt dans la vie.
Un contexte de demandes où l’inflation pèse lourd sur les familles
L’année passée, nous avancions les répercussions de la pandémie sur le quotidien des familles. À celle-ci s’ajoute l’inflation qui porte un dur coup aux ménages québécois. Le budget d’épicerie s’amenuise, les aliments de base coûtent plus cher, et il devient de plus en plus difficile de se procurer des aliments nutritifs. L’insécurité alimentaire augmente en prévalence et en gravité, notamment chez probablement plus de 10 000 familles avec un bébé.
L’impact est notable sur le suivi Olo et la Fondation Olo. Sur le terrain, on observe une hausse de la demande que l’on explique par la pression financière qui pèse sur les familles, par le succès de l’Avis de grossesse et parfois par l’arrivée massive de demandeurs d’asile. En un an, les échanges de coupons alimentaires ont augmenté de 22% et le coût total des aliments remis via ces coupons de 41%. Ceci renouvelle le regard à poser sur le suivi Olo.
Une demande de rehaussement en différents volets
Nos demandes de l’année passée s’axaient sur une demande de rehaussement pour les CISSS et les CIUSSS et une concernant directement la Fondation Olo et ses actions en vue du soutien aux pratiques. Ces deux demandes sont toujours d’actualité mais nous pouvons voir l’ajout d’un volet concernant le financement dédié à la Fondation Olo.
Ces demandes sont toujours basées sur le fait d’offrir un suivi Olo qui soit…
1. Dans le réseau : poursuivre et bonifier le financement
Le premier volet concerne donc le rehaussement des équipes Olo dans les CISSS et les CIUSSS et cela partout au Québec.
Notre recommandation en ce sens vise à poursuivre le réinvestissement amorcé en 2020 pour le suivi Olo par le MSSS dans les CISSS et les CIUSSS (4.25 M$ par année) pour parvenir à un financement récurrent de 15,3 M$. Ce premier réinvestissement était vu comme un premier pas qui a inspiré confiance aux équipes et a préparé la venue du nouveau cadre de référence du suivi Olo déployé dès septembre 2022. Il est proposé d’étaler ce réinvestissement sur 5 exercices ce qui nous amène, en tenant compte de l’inflation, à un montant annuel de 17 M$ en 2027-2028.
Cette première hypothèse a été travaillée avec la Direction de santé publique du MSSS dès janvier 2020. La logique d’étalement, discutée récemment avec la Direction générale de la planification, de la prévention et de la protection en santé publique, est venue bonifier les premières estimations. Cette logique a pour but de laisser le temps au réseau de procéder aux embauches en ayant conscience que la rareté et la mobilité de main d’œuvre est un frein qui empêcherait un déploiement optimal si la totalité du budget demandé était allouée dès le premier exercice.
2. Pour la Fondation Olo : deux objectifs pour pérenniser les actions
2A. Soutenir les pratiques et s’adapter aux réalités
Depuis 2018, c’est via le PAGIEPS (mesure 13.3) et un financement de 850 000 $ par année que la Fondation Olo a pu bonifier le soutien aux pratiques (communauté de pratiques, formations, transfert de connaissances) de plusieurs alliés et collaborateurs sur le terrain :
Ce financement arrivant à échéance en mars 2023 (ou mars 2024 s’il y a une prolongation d’un an), la recommandation 2A vise à octroyer à la Fondation Olo un financement annuel débutant à 1,1 M$ et atteignant, en tenant compte de l’inflation, 1,2 M$ en 2027-2028.
Ce dernier permettra de continuer à bâtir sur le bilan positif qui résulte du financement perçu dans les 5 dernières années. En effet, grâce à ce financement, les réalisations se sont multipliées, faisant en sorte que les cibles sont atteintes et dépassées (l’ensemble des 22 établissements rejoint sur un objectif d’1 gestionnaire et une équipe par CISSS/CIUSSS ou 19 communautés autochtones sur un objectif de 12) ou près de l’être (plus de 900 organismes communautaires rejoints sur un objectif de 1000), et ce, malgré le contexte pandémique.
Au-delà de la pérennité du soutien de pratiques en cours, un rehaussement du financement permettrait l’adaptabilité régionale du soutien apporté aux intervenantes et professionnelles du réseau ainsi qu’aux spécificités communautaires et autochtones. Maintenir les acquis, poursuivre l’innovation et offrir un soutien plus adapté aux dynamiques régionales, communautaires et autochtones nous amènera obligatoirement à hausser nos capacités, donc à ajouter des personnes dans l’équipe.
2B. Faire face au coût des aliments en allouer un financement dédié et croissant pour ceux remis aux familles
La nouveauté de ce mémoire résulte dans ce dernier volet qui n’était pas présent dans notre demande de l’année dernière mais qui, au regard de l’inflation et de la hausse des demandes, a considérablement pris sa place dans notre réalité de fondation.
Les aliments – lait, œufs, légumes – coûtent actuellement entre 2 M et 2,5 M$ par an et constituent la principale dépense de la Fondation Olo. À ce jour, ils sont financés par des dons privés et par le gouvernement du Canada via le Programme canadien de nutrition prénatale. Or, comme expliqué en introduction, la hausse des femmes rejointes entraine l’utilisation d’un plus grand nombre de coupons (22% d’augmentation) et les prix plus élevés des aliments, en s’additionnant au volume, font grimper d’autant plus les coûts totaux (41% d’augmentation). De plus, à cette réalité concernant les aliments remis en prénatal s’ajoute une offre d’aliments en postnatal au regard de l’évolution et de l’impact du suivi Olo. Ainsi, les coûts d’aliments sont appelés à s’accroître de façon considérable.
Devant des besoins financiers aussi majeurs, la Fondation Olo a besoin de l’aide du gouvernement du Québec et propose d’explorer plusieurs avenues de financement à travers des politiques et plans d’actions ayant des objectifs convergents de consommation de fruits et légumes par les populations vulnérables (Politique gouvernementale de prévention en santé) ou d’achat d’aliments québécois à travers les institutions (Politique bioalimentaire, MAPAQ).
De ce fait, notre troisième recommandation serait d’allouer à la Fondation Olo un financement annuel débutant à 1,75 M$ et atteignant 3,8 M$ en 2027-2028 afin de l’aider à faire face aux coûts des aliments remis dans le cadre du suivi Olo.
Cette demande faite au gouvernement du Québec est à l’image du souhait de la Fondation Olo de compter sur des revenus privés et publics, provinciaux et fédéraux et témoigne de la volonté de la Fondation de garder un équilibre dans ses sources de financements établi autour d’une logique d’1/3 (financement provincial), 1/3 (financement fédéral) et 1/3 (dons).
Nos recommandations, des gestes calculés et cohérents pour un impact plus grand auprès des familles qui en ont besoin
Plus que du dépannage alimentaire, le suivi Olo, approche éprouvée et reconnue, est un accompagnement qui outille les familles, soutient leur motivation à s’alimenter sainement et donne accès chaque semaine à des aliments nutritifs. Il prend place dans un contexte de faible revenu dans la période cruciale des 1 000 premiers jours de vie. Véritable porte d’entrée vers les services pour les familles vulnérables, il fait partie du filet social et constitue l’un de nos meilleurs leviers pour agir tôt et en prévention.
« En finançant le suivi Olo et la Fondation Olo à la hauteur des besoins, le gouvernement du Québec répond à des arguments scientifiques et économiques, car il investit, tôt dans la vie, dans l’égalité des chances et le développement des enfants. En même temps, il s’inscrit en réponse à une situation très actuelle en venant réduire chez les familles les plus affectées les effets d’une inflation qui les rattrape à chaque repas, épicerie ou visite à la banque alimentaire. Avec 30 ans d’existence, 250 000 bébés aidés, plus de 500 intervenantes mobilisées, 100% des CISSS et des CIUSSS ralliés, plus de 900 organisations de la communauté rejointes, son impact est reconnu et son influence est réelle. »
Élise Boyer, directrice générale de la Fondation Olo
Ainsi, planifier ces investissements dans le budget 2023-2024 serait un engagement cohérent et judicieux, porteur de santé, d’équité, de solidarité et de prospérité.
Revue de presse
Hausse du prix des aliments : un défi de taille pour la Fondation Olo, La Presse, 1er mars 2023
CBC Montreal News (11 :05 à 13 :05), March 01, 2023
À lire
Mise à jour
Le 31 mars 2023, une subvention non récurrente de 1 M$ a été octroyée par le Ministère de la Santé et des Services sociaux à la Fondation Olo pour l'année financière 2022-2023. Une somme qui vise à soutenir la remise d'aliments dans le cadre du suivi Olo, autant pendant la période prénatale que postnatale, compte tenu de l'augmentation du nombre de familles rejointes et la hausse du coût des aliments.