La face cachée de la hausse du prix du panier d’épicerie : Des impacts majeurs sur le développement des tout-petits

Par : Élise Boyer, directrice générale 

Le coût des aliments ne cesse de faire les manchettes. Un triste constat s’impose : l’insécurité alimentaire devient la réalité de nouveaux ménages québécois et est amplifiée chez ceux qui la connaissaient déjà. Les stratégies de survie habituelles ne suffisent plus et dans plusieurs armoires, les denrées achetées dans les magasins à 1 $ côtoient celles obtenues à la Banque alimentaire.

De plus, l’impression qu’il est toujours plus difficile de manger sainement s’accentue. Beaucoup sont conscients que pour y parvenir, il faut déployer une panoplie d’astuces comme courir les spéciaux et planifier ses repas dans le détail, au prix d’une pression décuplée.

Des milliers de personnes vont ressentir ce cumul de stress et de culpabilité chaque jour dans leur panier d’épicerie, leur cuisine, leur assiette et leur capacité à trouver plaisir et réconfort autour de la table.  

Or, l’insécurité alimentaire affecte-t-elle différemment nos bébés et nos tout-petits ? La réponse est oui et se trouve dans la compréhension de ce qui se trame durant la grossesse et les 24 mois suivant la naissance : les 1000 premiers jours de vie !

Ces 1000 jours sont une période intense de développement physiologique, surtout du cerveau. La non-satisfaction des besoins nutritionnels de la mère entraîne un risque accru pour la santé et le développement de l’enfant comme des maladies chroniques évitables ou de l’obésité infantile. De plus, il est bien établi que ce qui se passe dans l’utérus influence l’expression des gènes tout au long de la vie. Si l’insécurité alimentaire se répercute dans l’assiette, en quantité et en qualité, le bébé pourrait être impacté, maintenant et plus tard.

Ces 1000 premiers jours sont aussi ceux durant lesquels s’acquièrent de saines habitudes alimentaires qui aideront le bébé à grandir en santé, développer son plein potentiel et devenir un adulte épanoui. Une conséquence sournoise de l’insécurité alimentaire est qu’elle affecte les premières expériences de bébé à table et donc sa capacité à se construire des bases saines : 

  • Alors que ces premiers mois sont cruciaux dans le développement du goût, la crainte de gaspiller des aliments que l’enfant n’aimera pas pourrait réduire la variété d’aliments auxquels il est exposé.

  • La capacité du parent d’être le modèle de son enfant est fragilisée, car ce rôle s’exerce lors de repas pris en famille, où chacun consomme des aliments variés. Or, des parents vont préférer nourrir leur enfant avant eux-mêmes ou lui offrir les meilleurs aliments. Ils mangeront possiblement plus tard et à l’abri des regards.

  • Des parents, soucieux d’éviter les pertes de nourriture seront peut-être moins à l’écoute des signaux de satiété de leur enfant. Personne n’exerce délibérément une pression nuisible, mais le sentiment de devoir rentabiliser tout achat d’aliment pourrait faire obstacle aux meilleures intentions.

  • Toutes ces situations sont la réalité de nombreuses familles. De plus, elles prennent place dans un cumul de stress, de fatigue et de doute perpétuel que l’amour d’un nouveau-né maintient dans un équilibre fragile.

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Pour contrer l’insécurité alimentaire, il faut du dépannage pour nourrir, des occasions d’apprentissage pour outiller, du maillage pour soutenir et des politiques publiques fortes pour réduire les inégalités.

Il faut aussi que nos bébés, en devenir ou en pleine découverte, aient une attention toute particulière.  Heureusement, une solution existe partout au Québec et a fait ses preuves : le suivi Olo. Malgré 30 ans d’impact et 250 000 bébés nés en meilleure santé, rien ne doit être tenu pour acquis.

En ces temps où grimpe l’insécurité alimentaire, ayons soif d’équité pour des milliers de bébés. Parce qu’un avenir en santé se construit dès les 1000 premiers jours, leur futur se prépare maintenant... une bouchée à la fois.

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