« Que faisons-nous pour nos tout-petits et leur famille au Québec? »

La Fondation Olo citée comme un exemple d’initiative favorable aux tout-petits

 

Observatoire des tout-petits - Portrait 2021

 

Le 27 avril, l’Observatoire des tout-petits (OTP) publie Que faisons-nous pour nos tout-petits et leur famille au Québec ?, un premier portrait des politiques publiques favorables aux tout-petits. Pour la première fois au Québec et à travers 14 thèmes, ce portrait s’attarde aux principales politiques publiques municipales, provinciales et fédérales qui peuvent contribuer à améliorer les conditions de vie et le développement des tout-petits.

Comme l’ont fait plus de 60 experts, Élise Boyer, directrice générale de la Fondation Olo, y a participé comme réviseure, en l’occurrence pour le chapitre sur l’accès aux services périnataux et celui sur la sécurité alimentaire.

On lui a posé 6 questions, notamment pour savoir ce que le rapport nous dit sur l’approche Olo.

Q : Dans son rapport, l’Observatoire décrit les politiques publiques comme des mesures mises en place par les gouvernements afin d’améliorer la qualité de vie des gens. À la base, est-ce que l’approche Olo est vraiment une politique publique ?

Pour les fins de ce portrait mené par l’Observatoire, on joue le jeu de présenter l’intervention nutritionnelle Olo parmi les politiques favorables aux tout-petits. Et c’est important de le faire, car c’est le cumul des politiques et leur cohérence qui font la différence pour les tout-petits et leurs familles. L’approche Olo, bien qu’elle ne soit pas un programme gouvernemental, est le résultat de 30 années de synergie entre la Fondation Olo et le réseau de la santé et des services sociaux. L’action d’Olo est aussi forte de sa convergence avec bon nombre de politiques ou de priorités retenues au fil des ans par nos gouvernements (santé publique, périnatalité, lutte à la pauvreté, prévention en santé, saines habitudes de vie).

Q : L’OTP explique l’importance de l’addition des politiques dans l’atteinte de résultats favorables aux tout-petits. La Fondation Olo partage-t-elle cette vision et, si oui, peut-on l’illustrer ?

Absolument. L’OTP a mis dans son rapport un bel exemple avec l’enfant actif (p. 17) ; je choisirai celui de la saine alimentation. La Fondation Olo aspire à ce que les femmes enceintes et les familles qui vivent l’arrivée d’un enfant puissent à la fois répondre à ses besoins nutritionnels et devenir ses modèles de saine alimentation. Or, des obstacles existent, spécialement pour les parents qui ont à composer avec un faible revenu. De toutes les barrières, la plus importante est probablement l’accès aux aliments, laquelle peut être économique ou géographique. Ainsi, toute politique qui finance des aliments nutritifs, qui favorise leur distribution et leur remise à moindre coût pour certains groupes – pensons par exemple à des paniers de fruits et légumes frais – ou qui vise à éliminer les déserts alimentaires crée un effet favorable. Cet effet s’additionne à ce que fait la Fondation Olo à travers l’offre de coupons alimentaires et le suivi personnalisé qui est offert aux femmes enceintes admissibles. Et l’accès aux aliments, ce n’est que le début. Les politiques pour créer des environnements favorables à l’allaitement en sont un autre exemple.

Q : Que dit le rapport sur l’approche Olo ?

La première mention apparait alors qu’on présente l’histoire d’Ismaël, un enfant de 2 ans et demi. L’histoire est fictive, mais elle pourrait très bien ressembler de près à l’un des 250 000 bébés que la Fondation Olo estime avoir aidé à naître en santé depuis 1991.

Le cœur de ce qui nous concerne est dans le chapitre consacré à l’accès aux services périnataux. La page 40 vaut le détour : on y explique très bien les nombreux liens entre cet accès aux services et le développement de l’enfant.

Parmi les nombreux bénéfices, l’OTP insiste sur la possibilité de prévenir les retards de croissance intra-utérins en disant que « cela est d’autant plus important que les enfants nés de façon prématurée ou avec un faible poids risquent notamment plus de présenter des retards ou des difficultés au regard du développement de leurs fonctions cognitives (attention, fonctions exécutives, etc.), ce qui entraîne des répercussions négatives sur leur réussite éducative plus tard dans l’enfance. »

De plus, il est mentionné que « pendant la période prénatale, la femme enceinte et son partenaire sont plus motivés à adopter de saines habitudes de vie puisque cela pourrait protéger la santé du bébé. »

Ces deux éléments réfèrent aux deux volets de l’action de la Fondation Olo : naître en santé et adopter de saines habitudes alimentaires tôt dans la vie.

Par ailleurs, dans le chapitre sur la sécurité alimentaire, un encadré (p.108) rappelle la contribution de la Fondation Olo qui a distribué 375 000 coupons Olo lors de la seule année 2019. Certes, l’intervention Olo n’est pas strictement une mesure de dépannage alimentaire, mais les aliments qui sont remis sous forme de coupons au fil des suivis offerts par les intervenantes permettent aux femmes enceintes de mettre chaque semaine du lait, des œufs et des légumes surgelés dans leur panier d’épicerie.

Enfin, on se reconnait et on contribue à différents niveaux aux objectifs de plusieurs autres initiatives ou politiques qui sont nommées. Ça va de l’accès aux services sociaux (le suivi Olo partage une grande proximité avec les SIPPE – Services intégrés en périnatalité et petite enfance), à l’accès à une saine alimentation (politique gouvernementale de prévention en santé) à l’importance du milieu communautaire dans la santé et le développement des tout-petits.

Q : Le rapport nous montre à la fois des réussites collectives pour les tout-petits et des défis à surmonter. A-t-on la même dualité quand il est question de l’approche Olo ?

L’approche Olo est en soi une réussite collective. C’est l’une des rares approches préventives qui a prouvé son efficacité. Sans surprise, le rapport cite les résultats publiés par les chercheurs Catherine Haeck et Pierre Lefebvre, de l’UQAM, sur l’intervention Olo.

L’extrait suivant (pp 45-46) illustre on ne peut plus clairement les défis à surmonter : « Malgré tout, la Fondation Olo demeure préoccupée par l’accessibilité à l’intervention et par la nature des services rendus. En effet, la Fondation estime qu’en 2019-2020, deux femmes admissibles sur trois ont eu accès à un suivi Olo. L’accessibilité est très variable d’une région à une autre. De plus, la moitié des naissances en situation de faible revenu a eu lieu dans des territoires où le taux de femmes bénéficiaires est de moins de 55 %. Par ailleurs, les écarts entre les recommandations et les caractéristiques des services rendus (fréquence et type des rencontres, capacité à réaliser une évaluation nutritionnelle) suscitent aussi des inquiétudes quant à la possibilité de réaliser le plein potentiel de l’intervention. Enfin, il en ressort que beaucoup reste à faire pour que l’accompagnement se poursuive au-delà de la naissance et qu’il s’enrichisse de véritables arrimages avec les organisations présentes dans la communauté. »

Q : Une question qui revient tout au long du rapport est « comment pourrions-nous faire mieux ? ». Quelles pistes vous semblent les plus prometteuses ?

Plusieurs sont très intéressantes et, encore une fois, c’est l’addition qui crée l’impact.

Plus près de nous, je relèverais la mise en place de l’avis de grossesse à laquelle nous entendons collaborer, un accompagnement des familles qui fait une plus grande place aux pères et toute mesure visant à subventionner les aliments sains.

En outre, impossible de passer sous silence des mesures essentielles comme le subventionnement du logement social ou un meilleur accès pour les enfants provenant de familles moins nanties à des services éducatifs à l’enfance de qualité.

Q : Quelle portée espérez-vous que ce rapport aura ?

Le Collectif petite enfance, duquel la Fondation Olo fait partie, a eu ces mots pour décrire le Portrait : il sera désormais « la référence à partir de laquelle il faudra penser le bien-être et le devenir des tout-petits. » On lui souhaite la plus grande résonnance.

Néanmoins, comme plusieurs, je suis inquiète pour les prochaines années. La pandémie a fait croitre la précarité et l’isolement de plusieurs familles. Les besoins seront plus profonds et plus présents pour des années à venir. En même temps, la crise de la COVID-19 aura mis à mal les finances publiques. Or, la pire chose à faire – et la plus onéreuse – serait de couper dans la prévention et dans ces politiques favorables à nos tout-petits.

La réussite éducative des enfants, et donc notre prospérité comme société, passe par la santé, le bien-être et la possibilité qu’ont les enfants de développer leur plein potentiel. Il conviendra de le répéter souvent et d’utiliser cette somme de connaissances pour se guider, collectivement, dans la voie à suivre.

À cette question qui est le titre du rapport – Que faisons-nous pour nos tout-petits et leur famille au Québec ? – il faudra, ultérieurement et collectivement, que nous puissions affirmer que nous n’en faisons pas moins, mais plus et que nous le faisons encore mieux.


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